SEZ: Dans quel rôle étiez-vous présente lors du voyage de la délégation au Burundi en juin 2023 ?
Gundula Büker: Je suis membre du conseil d’administration de l’association Dachverband Entwicklungspolitik Baden-Württemberg, DEAB e.V., je représente les organisations membres de DEAB au sein du Conseil pour la coopération au développement (Rat für Entwicklungszusammenarbeit – REZ) et je travaille en tant que promotrice spécialisée pour l’apprentissage global à l’EPiZ de Reutlingen. Lors de ce voyage, j’ai ainsi participé en tant que représentante de la société civile au voyage de la délégation pour les domaines de l’éducation et de la jeunesse.
SEZ: Quelles sont les impulsions que vous ramenez du Burundi ?
Gundula Büker: Le Burundi est un pays impressionnant, magnifique, avec beaucoup de gens engagés. Le pays porte les traces de son lourd passé, qui se répercute de diverses manières sur la situation actuelle. J’ai été impressionnée par la résilience, la motivation et l’énergie avec lesquelles les gens développent des visions et des idées et travaillent pour que les Burundais, jeunes pour la plupart, se construisent un avenir bon et pacifique.
J’ai également constaté que les continuités coloniales sont présentes en de nombreux endroits. Il s’agit d’en prendre conscience et de les traiter, chez nous aussi, dans le Bade-Wurtemberg, afin que le partenariat permette un véritable dialogue et une coopération réussie.
Afin de trouver de bons moyens de soutenir solidairement l’engagement sur place et de renforcer les bonnes relations et le dialogue partenarial avec les acteurs au Burundi, le nouveau bureau de liaison de la SEZ à Bujumbura, ouvert pendant le voyage de la délégation, est d’une importance centrale. En ce qui concerne les domaines de l’éducation et de la jeunesse, je pense que des coopérations fructueuses ne peuvent réussir que si les collègues de la SEZ poursuivent leur bon travail et, encouragés par le nouveau bureau, peuvent l’étendre et le renforcer afin de bien organiser et accompagner le partenariat.
Ce que je retiens également de ce voyage, c’est le renforcement de mon engagement en faveur d’un travail de formation pour tous les habitants du Bade-Wurtemberg, qui permette de donner une image différenciée de notre pays partenaire et de saisir l’occasion d’explorer les défis et les possibilités, les différences et les points communs des deux pays partenaires, d’apprendre à se connaître mutuellement et de poser des questions sur la responsabilité globale et notre rôle dans ce contexte.
SEZ: Quel est le moment du voyage de la délégation que vous avez le plus apprécié ?
Gundula Büker: J’ai vécu tellement d’expériences et d’impressions lors des nombreuses activités de ce court voyage, qui étaient toutes très impressionnantes et précieuses en soi. J’ai été particulièrement touchée par un atelier interculturel avec de jeunes artistes burundais au début du voyage, au cours duquel ils ont présenté un spectacle qu’ils avaient élaboré avec du texte, de la musique et de la danse et ont ensuite réfléchi avec nous. Il en a résulté un espace ouvert, dans lequel il a surtout été question de l’histoire et du présent du Burundi, du rôle de l’Allemagne dans ce contexte et de notre rapport à celui-ci. En plus, j’ai été très heureuse de rencontrer des acteurs burundais, notamment lors de la réunion des acteurs organisée par la SEZ à Bujumbura. Lors d’une phase d’atelier, j’ai pu échanger avec des personnes qui s’engagent dans le domaine de l’éducation et dans le travail pour et avec les jeunes. Ce sont des moments où j’ai eu le sentiment d’une vraie rencontre et d’un dialogue très enrichissant, qui m’a donné le sentiment de connaître un peu mieux le pays et ses habitants et de comprendre les thèmes sur lesquels nous pourrions et devrions continuer à travailler ensemble.
SEZ : Que souhaitez-vous pour le partenariat entre le Burundi et le Bade-Wurtemberg ?
Gundula Büker: Je souhaite que nous réussissions à faire de ce partenariat un véritable partenariat d’apprentissage. Pour moi, cela signifie rendre possible un dialogue entre les acteurs qui favorise une conception réfléchie, critique du pouvoir et sensible aux discriminations du partenariat. La notion d’égalité « à la hauteur des yeux », si souvent évoquée, n’est pas pertinente à mes yeux. Il devrait plutôt s’agir de pratiquer et d’entretenir une relation consciente avec les conditions différentes des deux pays et de voir ensemble ce que cela signifie pour les responsabilités respectives des participants. Du côté allemand, outre le ministère d’État, ce sont surtout la SEZ et ses collaborateurs dans les deux régions, le Conseil pour la coopération au développementt (REZ) et la diaspora burundaise au Bade-Wurtemberg qui jouent un rôle central dans l’organisation de ces processus.
En plus, je souhaite que le partenariat et les thèmes qui y sont liés fassent davantage partie des paysages éducatifs et des activités de jeunesse des deux régions. Dans le Bade-Wurtemberg, cela peut se faire par exemple par l’ancrage dans le plan de formation et dans les programmes, la promotion des partenariats scolaires et des rencontres de jeunes ainsi que des activités communes de formation et d’échange – même pour des groupes cibles dépassant les domaines de l’école et de la jeunesse!
Je suis pleine d’espoir qu’avec de bonnes idées, une action sensible et des oreilles et des cœurs ouverts, ce partenariat continuera à trouver un bon terrain sur lequel beaucoup de bonnes choses pourront pousser!